Sisyphe

Camus écrit qu’il faut imaginer Sisyphe heureux.
Son questionnement est philosophique mais je pense qu’on peut envisager Sisyphe heureux surtout parce qu’il n’a pas à s’occuper des vêtements de ses gosses.

Mon rapport aux vêtements, efficace, pragmatique, quoique non dénué d’élégance, veut qu’une fois par an je fasse le tri de ce qui me va encore et me plaît toujours, et que je donne ou recycle le reste.
L’enfant, qui lui est trop jeune pour mettre en place cette routine simple et satisfaisante, doit compter sur ses parents pour le faire et ne pas se retrouver avec un pantalon à mi-mollet en plein mois de décembre.
Dans notre famille, la mère est le parent à qui incombe la tâche et elle n’est pas loin d’envisager qu’il serait préférable de pousser un rocher en haut de la montagne quand bien même celui-ci redescendrait la pente.

Pour chaque enfant, vous devez a minima changer les vêtements deux fois par an, été-hiver, puis tous les ans, changement de taille, voire même une fois supplémentaire entre les deux pour poussée de croissance soudaine et sans préavis.
Moyenne statistique qui est seulement valable après l’âge de 3 ans. Avant, l’enfant arrive à changer de taille tous les deux ou trois mois.
Et bien sûr, des deux garçons qui auraient pu, avec un peu de bonne volonté, lui faciliter la tâche en naissant au moins à la même saison, l’un a choisi Noël et l’autre la fin du mois de mai !
Ce qui nous fait approximativement entre deux et quatre révisions de garde-robe à l’année qu’il faut multiplier par le nombre d’enfants, et autant de caisses ou cartons étiquetées : « 2 ans garçon – hiver », « 5 ans fille – été », « 3 ans garçon été », « 8 ans fille – tout mélangé j’en ai trop marre », etc.

Camus avait raison : Il faut penser Sisyphe heureux.
D’ailleurs je vous laisse, je m’en vais trouver un rocher et une montagne.